Buy the best web hosting reviews of 2012 and consider reading BlueHost Review and users testimonials.

 

 

Historique du grand orgue

 

Le chef-d'œuvre de Dupont
L'agrandissement de Vautrin
La reconstruction de Cavaillé-Coll
Les transformations de Haerpfer-Erman
L'orgue aujourd'hui
 
 

projet anonyme

Bien que capitale du Duché de Lorraine, Nancy fut longtemps dépourvue de cathédrale, le siège épiscopal étant établi à Toul. L’évêché de Nancy ne fut créé qu’en 1777, année où la primatiale devint donc cathédrale.

Avant la construction de la cathédrale actuelle, le chapitre primatial fondé en 1602 occupa deux primatiales provisoires. La première, utilisée de 1603 à 1609, fut cédée ensuite à la paroisse Saint-Sébastien située à proximité. Dans la seconde, une église à une seule nef occupée jusqu’en 1742, un orgue était installé depuis 1628. Orgue fort petitte, l’instrument fut remplacé par un orgue neuf commandé par les chanoines le 11 janvier 1696 au facteur messin Claude Legros, au prix de 700 livres tournois. Le buffet devait avoir 7 pieds de large et 12 pieds de haut, avec trois tourelles et deux plates-faces et l’orgue était alimenté par deux soufflets.

La composition, après deux avenants, en était la suivante :

I. Positif

Bourdon

Montre

Nazard

Doublette

Tierce

[Cimbale]

Cromorne

  

[8’]

[4’]

[2'2/3]

[2’]

[1'3/5]

  

[8’]

                    

II. Grand-orgue

Bourdon

Montre

Flûte bouchée

Nazard

Doublette

Tierce

Cornet

Fourniture

Cimbale

Trompette

Voix humaine

  

8’

4’

8’

[2'2/3]

[2’]

[1'3/5]

4 rgs

3 rgs

2 rgs

8’

8’
                    

III. Écho

Cornet

 

 

Pédale

En tirasse

Tremblant

  

5 rgs

  

Tout ce qui était réutilisable dans l’ancien instrument devait trouver place dans le nouvel orgue. Il fut également convenu que le clavier d’écho de deux octaves (25 notes, C3 à C5), prévu initialement, serait remplacé par un positif de trois octaves, pour 200 livres. Enfin, un avenant signé le 3 novembre 1696 permit d’ajouter un Cornet d’escot pour 2 Louis d’or.

Il semble que cet instrument fut remonté dans la nouvelle primatiale, lors de l’installation du chapitre en 1742, et fut réparé par Nicolas Dupont, les travaux ayant été reçus par Louis Marchal.

 

Le chef d'oeuvre de Dupont 1763

Construit par Nicolas Dupont, assisté de son frère Joseph, entre 1756 et 1763 dans une primatiale à peine terminée, le grand orgue fut, dès l’origine, l’un des plus grands instruments lorrains et le plus important réalisé par son concepteur. L’instrument se devait de pouvoir rivaliser avec celui construit quelques années plus tôt par le même facteur, pour la cathédrale de Toul, témoignant ainsi des ambitions épiscopales de la capitale du Duché de Lorraine.

moucherel 1Doté de 44 jeux, deux de plus qu’à Toul, l’orgue prit place dans un buffet monumental dessiné probablement par Jean-Nicolas Jennesson. Dupont apporta sans doute sa contribution à la conception puisque la structure du buffet s’apparente clairement à celui de la cathédrale de Toul. Ce dessin sera d’ailleurs repris en 1762 pour l’orgue de la cathédrale de Verdun, construit également par Dupont.

Occupant toute la largeur de la tribune, ce somptueux buffet est original à plus d’un titre : la présence des deux grandes tourelles encadrant la fenêtre centrale aujourd’hui masquée, le couronnement armorié surmontant celles-ci, maintenu par d’aériennes guirlandes, ainsi que la tourelle centrale concave et non convexe, conférant à l’ensemble une élégance et un élancement rares.

Le 21 février 1756, les chanoines autorisèrent Dupont à faire dresser un attelier du côté du Couchant de la Primatiale en vue de la construction de l’instrument qui s’étala sur plus de sept ans. L’orgue fut reçu le 12 avril 1763 par Joseph Marchal, organiste de l’église Saint-Epvre.

D’après Jean-André Silbermann, célèbre facteur alsacien, l’orgue aurait coûté 50 000 livres mais Dupont n’aurait réalisé aucun profit. Néanmoins, le chapitre de la primatiale gratifia le facteur de 310 livres supplémentaires pour luy marquer son contentement.

  

Composition de l'orgue en 1763

  

L’agrandissement de Vautrin – 1814

Nicolas Dupont entretint l’orgue jusqu’à sa mort en 1781, les dernières sommes correspondant aux soins et entretiens momentanés ayant été versées à sa veuve.

Dès 1787, les chanoines demandèrent à Jean-Baptiste Nôtre, organiste de la cathédrale de Toul, de venir évaluer les réparations à entreprendre, accompagné d’un facteur d’orgues de son choix. Nôtre vint avec Jean-François Vautrin, disciple de Dupont installé à Nancy. Vautrin fut alors chargé de réparer l’instrument, ce qu’il fit en 1788, ainsi que d’ajouter un jeu de grosse caisse, dont l’effet soit semblable à celui des musiques de Régiments.

BombardesAprès avoir traversé la Révolution sans dommage, notamment grâce à l’organiste Michelot, « homme de cœur et de bonté » qui y aurait joué des airs révolutionnaires lors de l’arrivée des Marseillais en novembre 1792, l’orgue fut de nouveau réparé par Vautrin en 1808, à la demande du Conseil de Fabrique. À cette occasion, les claviers furent étendus de 50 à 53 notes, cinq jeux furent ajoutés au récit, et des modifications de jeux furent opérées au grand-orgue et au positif. L’ajout le plus significatif est sans doute celui des deux Bombardes en bois, à l’arrière de l’instrument, l’une de 16 pieds et l’autre de 32 pieds. L’installation de cette Bombarde 32’, vraisemblablement la première en France, nécessita la démolition d’une partie de la corniche arrière. C’est également à cette occasion que la fenêtre centrale fut occultée.

Vautrin ayant entreprit ces travaux sans l’accord écrit de la Fabrique, celle-ci refusa de payer à leur achèvement en 1814. L’affaire traîna beaucoup puisque ce n’est qu’en 1836, alors que Vautrin était déjà mort, qu’un accord fut trouvé entre la Fabrique et les filles du facteur. Avant même que ne soit réglée cette affaire, un marché fut conclu avec Joseph Cuvillier – successeur de Vautrin, donc héritier de la tradition Dupont – pour remplacer notamment la soufflerie par deux réservoirs neufs et replaquer le clavier de grand-orgue.

Mais le Ministère des Cultes demanda d’autres devis de son côté, notamment aux Frères Callinet de Rouffach qui proposèrent d’autres modifications : claviers neufs avec touches naturelles blanches, pédalier à l’allemande de 25 notes, abrégés, porte-vents et sommier de récit neufs, nouveaux jeux d’anches de pédale...

Ce sont finalement les Frères Claude, originaires de Mirecourt mais installés à Paris et ayant les faveurs du Ministère, qui furent chargés de nouveaux travaux : complément grave de la pédale (avec suppression du ravalement), ajout d’un clairon de pédale, agrandissement du clavier d’écho, remplacement du contrebasson 16 en bois du grand-orgue par un jeu identique en métal. Toutefois, pour ne pas avoir à réparer les sommiers, les Frères Claude diminuèrent la pression du vent. Bien qu’expertisé par Simon, organiste de Notre-Dame des Blancs-Manteaux à Paris, qui fut satisfait des travaux, l’orgue avait perdu de sa puissance, ce qui rendit mécontents les habitués de l’instrument. Les Frères Claude revinrent donc début 1843 pour remonter la pression et les choses rentrèrent dans l’ordre.

   

Composition de l'orgue en 1814

  

La reconstruction de Cavaillé-Coll – 1861 

Malgré les modifications apportées depuis la mort de Dupont, par Vautrin et les Frères Claude, le grand orgue de la cathédrale restait assez proche de son état original et conservait encore sa structure classique. Mais les goûts ayant évolué depuis un demi-siècle, on fit appel en 1857 au célèbre facteur parisien Aristide Cavaillé-Coll, à qui venait d’être confiée la reconstruction du grand orgue de Saint-Sulpice à Paris, pour transformer l’instrument en un véritable orgue symphonique.

boite recitComme souvent en pareille situation, Cavaillé-Coll conserva le buffet ainsi qu’une grande partie de la tuyauterie du XVIIIe siècle qu’il réharmonisa. Il répartit les jeux du clavier de grand-orgue sur deux claviers (grand-orgue et bombarde), ajouta de nombreux jeux nouveaux, comme les gambes et flûtes harmoniques, et renouvela tous les organes de l’instrument tels que la soufflerie, la mécanique ou la console. Il remplaça les deux Bombardes en bois de Vautrin par deux jeux identiques, à la même place, et installa un grand récit expressif au sommet de l’instrument. Cachée à l’origine par une toile, la boîte expressive est construite avec des parois latérales en verre, caractéristique qui lui confère une présence et une efficacité exceptionnelles.

Parmi les jeux conservés par Cavaillé-Coll figurent de nombreux jeux d’anches. Le facteur en ajoutera d’autres pour arriver, au total au nombre exceptionnel de 23 soit plus du tiers de l’orgue, la plus grande proportion jamais atteinte chez Cavaillé-Coll. Les fonds – principaux et bourdons – ainsi que les plein-jeux classiques trouveront également place dans l’instrument reconstruit. Enfin, le nombre de jeux de pédale – 15 – est lui aussi unique, tout comme le nombre de jeux d’anches de pédale, qui ne sera d’ailleurs jamais dépassé dans les plus grands instruments de Cavaillé-Coll.

Ce nouveau chef d’œuvre du grand facteur parisien, le plus grand qu’il ait construit pour une église de province, coûta 50 250 livres. L’instrument reconstruit fut reçu le 20 novembre 1861 par Théophile Stern, organiste du Temple-Neuf de Strasbourg, Bazile, organiste de Sainte-Elisabeth à Paris, en présence de Henri Hess, l’organiste de la cathédrale. Le rapport de Théophile Stern fut très élogieux et l’inauguration eut lieu le lendemain par les mêmes organistes.

  

Composition de l'orgue en 1861

  

Les transformations de Haerpfer-Erman – 1965

Aristide Cavaillé-Coll revint en 1881 pour un relevage, s’élevant à 10 000 francs, et c’est son successeur Charles Mutin qui répara en 1921 les dégâts causés par des obus tombés devant la cathédrale. Un projet d’électrification des transmissions par la maison Rœthinger de Strasbourg, supervisé par Marcel Dupré, n’échoua que grâce à la déclaration de la seconde guerre mondiale. Ce projet aurait vu la destruction de la mécanique, des sommiers et de la console, et sans doute généré la modification de la composition sonore et une violente ré-harmonisation. Le chef d’œuvre de Cavaillé-Coll aurait alors été définitivement perdu comme ce fut le cas pour bien d’autres instruments français.

CromorneEntre 1963 et 1965, un relevage devenu urgent fut réalisé par la manufacture Haerpfer-Erman, de Boulay-sur-Moselle. Supervisé par Gaston Litaize, en collaboration avec Pierre Cortellezzi nommé titulaire de l’orgue en 1950, celui-ci déboucha finalement sur une transformation selon l’esthétique néo-classique, alors à son apogée dans les années 1960. À cette occasion, la soufflerie, la mécanique, la console et les sommiers furent globalement préservés, mais la composition fut remodelée et la tuyauterie en partie réharmonisée. Les jeux harmoniques et les gambes caractéristiques de l’orgue romantique tout comme de nombreux jeux de 16 pieds furent supprimés au profit de mixtures et mutations faisant référence à l’orgue classique. L’instrument fut inauguré le 15 octobre 1965 par Gaston Litaize.

En 1975, la même entreprise répara les sommiers du positif et restitua un Cornet à ce clavier, l’ancien Cornet de Dupont ayant été déplacé au clavier de Bombarde afin de remplacer celui qui disparut durant la restauration précédente.

  

L’orgue aujourd’hui

L'orgue a fait l'objet de travaux d'entretien en 2012 ; ces derniers, confiés à Laurent Plet et Bertrand Cattiaux, comprirent dépoussiérage, révision des transmissions, vérification de l'étanchéité, ré-harmonisation du positif et restauration de ses jeux d'anches. A cette occasion, le Basson-Hautbois du positif, de Vautrin, a été restitué à son emplacement d’origine. En effet, déposé par Haerpfer-Erman, celui-ci avait réutilisé le dessus de Hautbois dans l’orgue Lépine de la cathédrale de Sarlat en 1964. A la restauration de l’instrument en 2005, le Hautbois n’y avait plus sa place. Ce fut donc l’occasion de le réintégrer à Nancy, après construction d’une basse de Basson neuve.

TribuneEnfin, en 2013, les flûtes harmoniques, coupées par Haerpfer-Erman pour les rendre non octaviantes, ont été rallongées afin de retrouver leur sonorité d’origine.

Désormais, si la composition est légèrement orientée vers l’esthétique néo-classique, l’orgue garde encore du point de vue sonore, la forte marque de Cavaillé-Coll, et ce, malgré les transformations opérées par Haerpfer-Erman en 1965. Il reste encore 24 jeux (37 %) de Dupont, et 23 (35 %) de Cavaillé-Coll, ainsi que 2 de Vautrin. Plusieurs jeux ont été remplacés, d’autres ont été modifiés et les derniers ré-harmonisés, mais la Pédale et l’extraordinaire Récit, plus épargnés, suffisent à donner à l’ensemble son caractère encore nettement symphonique. La composition sonore totalement inédite de ce grand Cavaillé-Coll, alliée à l’acoustique à la fois généreuse et distincte de la cathédrale, lui confère une majesté, une puissance et une profondeur rarement atteintes.

Le buffet est classé au titre des Monuments Historiques depuis le 9 août 1906, et la partie instrumentale depuis le 22 septembre 2003.

  

Composition actuelle

  

 icone photo galerie Buffet  icone photo galerie Console  icone photo galerie Intérieur de l'orgue


Back